Phonographe :
Trucs, astuces et tuyaux divers



Contrairement aux amateurs de T.S.F. , les amateurs de phonographes ne trouveront pas grand chose sur le web lorsqu'il s'agira de dépanner leurs appareils. Aucun site ne leur fournira de renseignements pratiques pour changer un ressort ou pour restaurer un reproducteur. Aucun forum d'entraide spécialisé dans ce domaine n'existe non plus, du moins en français. Il y a bien un excellent livre (en anglais) : The Compleat Talking Machine par Eric Reiss, mais il semble actuellement difficile de s'en procurer un exemplaire, même sur Amazon où il est signalé indisponible. Si vous en voyez passer un à prix abordable, ne le laissez pas s'échapper ! En attendant voici queques trucs, astuces et tuyaux divers répondant aux questions les plus fréquentes qu'on m'a posées depuis trente ans et concernant essentiellement les phonos à disques.

Du bon usage d'un phono mécanique
1) Quand on remonte un phono, il faut toujours le laisser tourner en même temps. Ainsi, au cas où on arriverait en fin de course du remontage, le choc sera amorti et on ne risquera pas de casser ou décrocher le ressort.
2) Une bonne pratique consiste à compter le nombre de tours de manivelle suffisant à la lecture d'une face et à s'en tenir là. Si une face se lit avec 30 tours de manivelle, tenez vous en à 30 tours. Ces vénérables ancêtres doivent être traités avec ménagement.
3) Quand on a fini de se servir du phono, il est recommandé de laisser le moteur tourner jusqu'à ce qu'il s'arrête de lui-même. Il est inutile en effet de garder un ressort tendu en permanence, car il risquerait de perdre à la longue une partie de son élasticité, donc de sa force.
4) Il ne faut JAMAIS tourner le plateau à la main dans le sens inverse. Celà aurait pour effet de décrocher le ressort de l'axe de remontage, voire d'endommager la spire centrale du ressort.
Disques à aiguille/ disques à saphir : comment les reconnaître ?
Reproducteur à aiguille Reproducteur à saphirVoilà certainement la question qui revient le plus souvent chez les néophytes. L'existence de ces deux types de disques incompatibles entre eux peut être déroutante pour le débutant qui s'étonnera de n'entendre que du bruit de fond bien que son phono soit en parfait état de fonctionnement. C'est ce qui arrive si on essaie d'écouter un disque à aiguille sur un phono à saphir, et réciproquement ! Les phonographes à pavillon de type Pathéphone ne lisent que les disques à saphir. Les Gramophones (marque déposée) à pavillon ne lisent que les disques à aiguille. Quant aux phonos valises, il ne lisent que les disques à aiguille, à quelques exceptions près. Il existe aussi quelques phonos munis d'une tête pivotante compatible saphir/aiguille mais c'est assez inhabituel. Les disques postérieurs à 1925 (enregistrement électrique) sont quasiment tous des 78 tours à aiguille.
C'est pour les disques très anciens (enregistrement acoustique) que la question se pose, vu qu'on trouve en France une quantité à peu près égale des deux types. Les premiers disques Pathé ne comportant pas d'étiquette centrale en papier (mais des inscriptions gravées en creux) et protégés par des pochettes marron de papier épais sont tous à saphir. Ils tournent à des vitesses variables (90 à 120 tours) et commencent toujours par le centre, ce qui ne pose d'ailleurs aucun problème puisque le sens de rotation reste celui des aiguilles d'une montre. Les disques Pathé de 2 ème génération se reconnaissent à leur étiquette centrale en papier ainsi qu'à leur pochette bleue. Ils sont également tous à saphir, mais ils tournent à 80 tours et commencent par l'extérieur.
Les premiers disques de la marque Gramophone (marque déposée) sont par contre toujours des disques à aiguille. On les reconnaît facilement à leur étiquette représentant un ange graveur, puis ensuite le célèbre chien Nipper.
Voilà pour simplifier, car il existe de très nombreuses marques de disques à saphir et aiguille que seul le spécialiste reconnaît immédiatement. Mais en cas de doute, il suffit d'observer le sillon du disque (avec éventuellement une loupe) pour voir s'il est gravé verticalement (sillon droit avec trous et bosses comme des montagnes russes) ou latéralement (sillon de profondeur constante mais avec des virages sinueux). Moralité :
Gravure verticale = saphir
Gravure latérale = aiguille.
Finalement, vous voyez bien que c'est très simple !

Problème de moteur faible
Si votre phono ne parvient pas à lire une face de disque, ce n'est pas parce que la tête de lecture est trop lourde. Toutes les têtes de phono sont lourdes et le système était prévu pour que ça marche ainsi. La raison la plus courante de la faiblesse du moteur est simplement la graisse solidifiée qui vient gêner le fonctionnement normal. D'ailleurs, souvent la graisse vieille de presque un siècle s'est transformée en véritable colle pâteuse (ou pâte collante !) qu'il faut éliminer. Pour celà, évitez de prendre votre chemise blanche du dimanche. Il faudra donc tout démonter et tout nettoyer à l'essence ou au white spirit, mais rassurez-vous un mécanisme de phono ne comporte pas tant de pièces que çà et vous aurez eu la bonne idée de prendre quelques photos avant démontage afin de ne pas avoir de problème au remontage. Travaillez sur un plan bien net où vous ne risquez pas de perdre la moindre pièce (attention surtout à la petite bille de l'axe du plateau). Il faudra travailler de préférence à l'extérieur et loin d'une flamme. Chaque engrenage devra être soigneusement nettoyé avec une brosse à dents usagée. Le régulateur, pièce vitale, devra faire l'objet d'un soin particulier. Mais le gros morceau sera le nettoyage du ressort. Il faudra l'extraire et le nettoyer à l'essence sur toute sa longueur. Même chose pour le boîtier qui devra être débarrassé de toute cette horrible pâte noire avant remise en place du ressort. Remettez à la place de la bonne graisse pour automobile. Remontez le mécanisme comme il était sur les photos et mettez une goutte d'huile sur les engrenages (surtout pas de graisse !) , sur le régulateur et à tous les endroits où ça tourne vite. L'engrenage hélicoïdal qui sert au remontage doit, par contre, être graissé.
Si après ce traitement, votre phono n'a pas retrouvé sa vigueur d'antan, alors il y a vraiment à désespérer !
Ressort cassé. Que faire?
Un ressort neufOn peut encore trouver des ressorts neufs sur ebay, mais attention! ce n'est jamais bon marché. Il faut compter dans les 50 euros. S'il s'agit de redonner vie à un phono de valeur, on peut faire cette dépense, mais pour un phono-valise bas de gamme, ce n'est peut-être pas très judicieux...
Un ressort cassé se manifeste par le fait qu'on ne sent aucune résistance en tournant la manivelle. Et pour s'en assurer, il n'y a pas d'autre moyen que de démonter entièrement le moteur pour accéder au boîtier qui contient le ressort. Le couvercle de ce boîtier est souvent muni d'une petite encoche rectangulaire dans laquelle on glisse la lame d'un petit tournevis afin de faire levier et le couvercle viendra tout seul. Vous pourrez alors voir l'ampleur des dégâts. Si la cassure est près du centre ou vers le milieu, aucun doute, il faudra remplacer le ressort. Par contre si la cassure est très près de l'extérieur, il y a encore de l'espoir : quelques centimètres de ressort en moins n'auront pas d'effet sensible sur la puissance et il suffira de repercer un oeillet d'accrochage en forme de poire, comme celui d'origine.
Extraire un ressort cassé n'est pas une partie de plaisir et peut même être très dangereux, surtout avec un gros ressort. Il faut impérativement se munir de gants épais et de lunettes de protection. Il faut tirer doucement le centre avec une pince à long bec et débobiner lentement en maintenant avec l'autre main le ressort afin qu'il ne vous saute pas à la figure ! Il y a un "tour de main" à acquérir. Si vous n'êtes pas sûr de réussir, confiez cette tâche à quelqu'un qui a l'habitude !
Les ressorts neufs sont livrés avec un cerclage de fil de fer qu'il est fortement déconseillé de couper sous peine de voir jaillir le ressort et de se blesser. Le mieux à faire est d'introduire le ressort ligaturé dans le boîtier et de faire glisser la ligature vers le haut avec un petit tournevis. Le ressort sera ainsi libéré sans danger. Il faudra ensuite le sortir en le débobinant comme on a fait pour extraire le ressort cassé. Je suppose que vous avez préalablement noté le sens du bobinage, car un ressort monté à l'envers marchera nettement moins bien !!
Avant toute chose, il faut éliminer toute la vieille graisse (souvent solidifiée) et remettre de la graisse neuve. La graisse pour automobiles convient parfaitement. On commence par accrocher l'extérieur au rivet fixé sur le boîtier. Il faut s'assurer que l'accrochage est parfait avant de mettre le ressort en place, sinon tout serait à recommencer. Ensuite on bobine avec précaution (et avec des gants épais). Les dernières spires centrales se placeront toutes seules. L'accrochage central est plus délicat, car souvent l'ergot fixé sur l'axe de remontage est défectueux et il faudra le remplacer pour obtenir une bonne accroche. Un tel ergot est facile à réaliser avec une grosse pointe à tête plate qu'il faudra usiner un peu à la lime de façon à avoir un profil identique à l'origine.
La remise en place du couvercle ne pose pas de problème. Un peu de graisse sur l'intérieur de ce couvercle avant de fermer la boîte et le tour est joué.
Voilà du moins, schématiquement, la procédure générale. Dans la réalité, c'est parfois différent, car il n'y a rien de standard dans ces vieux mécanismes et des problèmes divers peuvent parfois se présenter. Mais, avec un peu de patience, on en vient toujours à bout.
Si vous voulez voir comment on démonte et remonte un ressort, je vous recommande la video de Graham sur youtube :
Gramophone spring removal
Voyez également son site très intéressant et plein de conseils pratiques :
Restore-a-Gram
Moins grave : ressort décroché
Moins grave, certes, mais il faudra encore mettre les mains dans la graisse ! Les symptomes sont à peu près les mêmes que pour le ressort cassé, mais on ne le saura qu'en ouvrant le boîtier. Ce sera toujours une bonne surprise pour le réparateur lorsqu'il verra que le ressort est "juste décroché" et que la réparation sera plus simple et surtout moins onéreuse. Deux cas de figure peuvent de présenter :
1) C'est le centre qui est décroché: Celà se produit quand quelqu'un s'est amusé à faire tourner le plateau à l'envers. Les spires qui normalement sont serrées contre l'axe central se sont écartées et l'ergot est sorti du trou. Il suffira alors de resserrer la spire la plus centrale avec des pinces à bec fin et de s'assurer que l'ergot a bien repris sa place. Après un bon remontage, le ressort ne se décrochera plus. Et dites aux enfants de ne pas s'amuser à tourner le plateau à la main !
2) C'est l'extérieur qui est décroché: Celà est dû vraisemblablement à un remontage excessif et il se peut que le rivet de fixation ait cédé. Dans ce cas, il faudra extraire le ressort (Ô joie !) et remplacer le rivet fixé sur le boîtier. La tête de ce rivet devra être assez plate. Une vis à tête ronde (mais limée pour en atténuer la rotondité pourra être utilisée avec un écrou à l'extérieur du boîtier, à condition que cet écrou ne vienne pas buter en rotation sur une autre partie du mécanisme.
Problèmes de régulateur
RégulateurD'autres causes de panne très fréquentes sont liées au dysfonctionnement du régulateur de vitesse. C'est ce dispositif très ingénieux et assez délicat qui détermine la vitesse de rotation et la maintient constante pendant la lecture du disque. Il est composé de trois masselottes en fer ou en bronze fixées sur des lames souples en acier. La force centrifuge éloigne les masselottes plus ou moins loin de l'axe, poussant une rondelle sur laquelle vient frotter un patin de feutre. C'est en ajustant la position dudit patin qu'on règle précisément la vitesse. C'est donc un organe vital du mécanisme.
Le problème le plus courant est la rupture d'une ou plusieurs lames. Dans ce cas il faut impérativement remplacer les trois par des lames identiques en acier. Si une des lames n'est pas identique aux autres, celà entraînera des vibrations et le moteur ne tournera pas rond. J'ai souvent vu des "réparations" effectuées par des bricoleurs avec des lames en fer blanc ou en laiton. Certes, c'est facile à découper et à percer, mais ça ne marche pas car ces métaux ne sont pas élastiques et la vitesse restera incontrôlable.
Plus embêtant : une ou plusieurs masselottes sont manquantes. Dans ce cas, il faudra remplacer les trois par des pièces de même poids et de même forme. Le plus simple (enfin façon de parler !) sera de les mouler avec du plomb fondu et d'ajuster le poids en s'aidant d'une balance de précision. Le moindre déséquilibre des masselottes entraînera des vibrations et des irrégularités.
Mais, le summum de l'horreur, c'est encore les masselottes en zamac (cochonium) de forme spéciale qui équipent certains moteur de valises Pathé bas de gamme. Là, c'est sans espoir !

RégulateurEnfin, il peut arriver que le régulateur semble tourner normalement mais qu'il soit impossible d'atteindre la bonne vitesse sans que les masselottes ne viennent cogner sur le boîtier du ressort ou une autre partie du mécanisme. Il est possible que les lames aient pris un léger cintrage, auquel cas il suffit de les démonter et de les remonter à l'envers, ce qui aura pour effet de limiter l'effet centrifuge et d'augmenter la vitesse. Si celà ne suffit pas, on peut faire une ligature avec un petit fil de fer ou de laiton à quelques mm de leur point d'ancrage fixe. Il faudra faire quelques essais à l'aide d'un stroboscope avant d'immobiliser la ligature par une goutte de colle genre araldite.
Un régulateur doit être toujours bien lubrifié avec de l'huile, y compris le petit patin en feutre. N'utilisez jamais de la graisse !
Quand faut-il changer d'aiguille ?
Aiguille neuve et aiguille uséeEncore une question qui revient souvent. On me demande régulièrement si je peux vendre une aiguille pour remplacer celle d'origine qui est peut-être usée ! Il faut savoir que les aiguilles se vendent toujours par paquets de 100. Jadis, on recommandait de changer d'aiguille à chaque face de disque. En fait, avec une aiguille, on peut écouter un disque, à la rigueur deux. Il faut savoir que les aiguilles neuves ont une pointe conique arrondie au bout et que les modulations du disque vont la "limer" progressivement en faisant une arrête tranchante qui va par la suite raboter le disque, ce qui se manifeste par une distorsion du son parfaitement audible. N'attendez pas d'en arriver là. Les disques sont plus précieux que les aiguilles. Parfois, avec certains disques fortement modulés (par exemple un rock des années 50) l'aiguille supporte à peine une face de disque avant d'être transformée en rabot.
Les saphirs Pathé, dits inusables, peuvent par contre durer indéfiniment. Peut-être qu'un usage très prolongé en viendrait à bout, mais comme ce n'est pas le cas de l'usage actuel qu'on peut faire d'un phono, il n'y a pas à s'en inquiéter.
Comment enlever un plateau récalcitrant ?
Souvent, il peut paraître impossible d'enlever le plateau d'un phono, surtout quand la rouille s'y est insinuée. C'est pourtant facile : avec les deux mains à 180 degrés, prenez les bords du plateau en tirant vers le haut et avec la troisième main, donnez un léger petit coup de marteau sur la tige centrale. Celà suffira à libérer le plateau de son axe. Au cas où vous n'auriez pas trois mains, empruntez en une à la première personne que vous aurez sous la main !
Maintenant que ce satané plateau rouillé est enlevé, vous en profiterez pour en dérouiller le bord avec une brosse métallique. La feutrine d'origine, en piteux état, devra aussi être remplacée. On trouve chez Cultura des carrés de feutrine bordeaux ou vert foncé qui conviennent parfaitement. Evitez les couleurs vives, inappropriées à un phono ancien. Enduisez uniformément le plateau de colle blanche (colle à bois) légèrement diluée et posez le sur le carré de feutrine bien à plat sur une table. Appuyez bien et laissez sécher. L'arasement ne se fera qu'après le séchage. Coupez juste les coins avec des ciseaux. Pour faire un bord parfaitement net, les ciseaux sont à éviter, car il est très difficile de couper en rond. L'idéal est d'avoir une brosse métallique montée sur un touret et d'éliminer la feutrine superflue en tenant le plateau à la main et en tournant lentement au contact de la brosse métallique. Pour faire le trou central, une petite meule conique tournée à la main fera un travail parfait.
Le pavillon de mon phono est rouillé : Que faire ?
Tout dépend du degré d'oxydation.
Si la rouille n'est présente que sur une petite partie de la surface et que l'aspect général de la peinture d'origine est assez bon, il faut à tout prix conserver le pavillon tel quel. Quelques taches de rouille donnent du caractère et sont un gage d'authenticité ! Ne pas chercher à faire de retouches sur les parties rouillées, car le remède serait pire que le mal ! Nettoyez préalablement ce qui peut être nettoyé avec un produit non agressif du genre Pliz. Mais jamais de solvants qui risqueraient d'attaquer la peinture ! Pour éviter que la rouille ne poursuive son attaque, on passe ensuite de la cire liquide au pinceau doux (cire à parquets non teintante !). On laisse sécher quelques heures et on fait briller avec un tissu non pelucheux. Ne frottez pas trop fort si la peinture présente des risques de s'écailler. Ce traitement à la cire redonnera en outre de l'éclat aux vieilles peintures, sans toutefois leur donner un aspect trop clinquant.
Si par contre, la rouille est présente à 90 % , il faudra se résoudre à décaper, dérouiller et repeindre entièrement. Cela donnera beaucoup de travail et le résultat sera rarement parfait. Sachez également qu'un pavillon repeint, même correctement, aura beaucoup moins de valeur qu'un pavillon possédant sa peinture d'origine même si elle n'est pas parfaitement conservée.
La peinture au pinceau est à proscrire absolument. On obtiendra de meilleurs résultats à la bombe ou au pistolet. Si vous êtes habile, vous pourrez faire un dégradé en ton sur ton. D'abord le fond clair sur toute la surface, puis après séchage complet, la teinte foncée sur les bords (avec doigté car l'erreur est irréversible !) . Quant aux filets dorés, jadis faits au pinceau par des mains expertes, le seul moyen facile de les faire réguliers, c'est avec un stylo feutre doré indélébile de grosseur moyenne

Le métal de la tête de lecture est déformé, fissuré et cassant : Que faire ?
zamacRéponse : RIEN ! Il s'agit de zamac (ou cochonium !), un alliage de zinc, d'aluminium, de magnésium et de cuivre à bas point de fusion (et à bas prix !) qui se dégrade irrémédiablement en quelques dizaines d'années. Il gonfle, se déforme, se fissure et finit par se désagréger. Cet alliage a été très utilisé depuis le début du XX ème siècle dans les phonographes, ce qui pose parfois des problèmes insolubles aux restaurateurs. Mais dites vous bien que les pièces en zamac faites à l'époque avaient une espérance de vie suffisante et n'étaient pas censées survivre jusqu'au XXIème siècle ! Procurez-vous donc une tête de lecture neuve ou bien une ancienne, à condition qu'elle ne soit pas aussi en zamac ...

Mon phono marche trop fort et les voisins se plaignent ! : Y a-t-il moyen de réduire le volume ?
Oui, utilisez des aiguilles douces (plus fines et plus longues). Avec un phono pour disques à saphir, vous pouvez ressortir un peu plus la tige du saphir. Dans les deux cas, on peut aussi utiliser un atténuateur acoustique spécial - 20 dB. Cet accessoire de haute technologie se réalise en introduisant une vieille chaussette dans le pavillon du phonographe !

Le phono fonctionne, mais le son est nasillard :
Il s'agit presque à coup sûr des joints de la membrane (aluminium ou mica) qui sont défectueux. Comme ils sont en caoutchouc naturel, ils ont durci au cours des années et la membrane n'est plus retenue par les bords, ce qui entraîne des vibrations parasites. Il faut enlever le caoutchouc durci (avec un petit tournevis) et le remplacer par un joint en caoutchouc silicone inaltérable (disponible à la boutique). La gaine plastique de fil électrique ne convient pas pour cet usage, car elle n'a aucune souplesse...
Une autre cause fréquente de bruits parasites : les petites vis de réglage du porte aiguille (ou saphir) ont du jeu. Il faut s'assurer que le porte-aiguille pivote librement sur cet axe sans serrage excessif mais aussi sans aucun jeu.

Faut-il changer la membrane du reproducteur?
Si la membrane est en bon état, c'est inutile. Mais très souvent ladite membrane est déchirée ou déformée, auquel cas il faut impérativement la changer.
Les reproducteurs de phonos pour disques à aiguille ont généralement une membrane en aluminium à reliefs. Fort heureusement en en trouve facilement des neuves. Le seul point délicat est la fixation du levier porte-aiguille qui se fait par un minuscule écrou (parfois une vis) noyé dans la cire pour l'immobiliser. Une loupe d'horloger et des pinces très fines seront utiles pour le démontage et le remontage. Il faudra remettre une minuscule goutte de cire pour empêcher tout dévissement ultérieur que causeraient les vibrations.
Les reproducteurs de phonos pour disques à saphir ont toujours un diaphragme en mica. Fort heureusement on trouve aussi du mica d'épaisseur convenable pour cet usage. Comme les plaques de mica sont carrées, il faudra tracer un disque à la bonne dimension avec un compas muni d'une pointe sèche. Attention à ne pas se tromper car le mica n'est pas bon marché. La découpe est facile avec des petits ciseaux à ongles, mais essayez de faire un rond pas trop moche, même si les bords du mica seront cachés par les joints. Le trou central sera fait avec un mini foret ou plus simplement la pointe du compas. Le système de fixation du levier porte-aiguille est identique. N'oubliez pas la goutte de cire pour faire çà dans les règles de l'art.
Est-il utile de préciser que si on remplace un diaphragme, il faut aussi impérativement remplacer les joints, comme dit plus haut.
Les vieux phonos abîment-ils les disques ?
Oui, absolument ! Le poids des reproducteurs acoustiques est d'environ 150 grammes, ce qui est énorme. Ajoutez à celà le poids du bras qui n'est pas négligeable sur certains modèles. Une aiguille usagée présente une arrête tranchante qui agit comme un burin et endommage le disque d'une manière irréversible Les disques qui ont été écoutés jadis dans ces conditions sont généralement très mal en point, mais les auditeurs de l'époque n'avaient pas le choix. Donc attention : ne confiez pas n'importe que disque à votre phono. Le patrimoine sonore doit être à tout prix préservé. Certains enregistrements ont une valeur bien supérieure à votre phonographe ! Par conséquent, écoutez les disques ayant une valeur historique ou artistique seulement sur une platine moderne munie d'une tête légère (à la rigueur sur un vieux Teppaz) . Pour votre vieux phono, utilisez seulement des disques sans valeur, ceux qui se vendent au kilo !
Comment distinguer un disque de valeur d'un disque sans valeur ? Vaste question....Seules la culture, l'expérience, et les erreurs commises, permettent de faire la part des choses. Dans le doute, demandez à un connaisseur.
Comment nettoyer les disques 78 tours ?
Jamais d'alcool ni autre solvant ! L'alcool dissoudrait la gomme laque dont les 78 tours sont en partie constitués ! Un chiffon légèrement humide suffit en général. Si les disques sont très sales, on peut les nettoyer à l'eau tiède additionnée de liquide à vaisselle. Pour les disques usés, tellement rugueux qu'ils freinent le moteur du phono au point de l'arrêter, vaporisez légèrement du Pliz (publicité gratuite) à leur surface et essuyez aussitôt avec un chiffon doux. Ils tourneront maintenant sans problème. Ceci est à réserver à l'écoute sur phono ancien. Jamais de Pliz pour lecture électrique sur équipement moderne ! Le diamant très fin serait rapidement encrassé !


Comment jouer les disques et cylindres à la bonne vitesse ?
Tous les vieux disques ne sont pas des 78 tours. Il y a aussi des 80 tours, des 90 tours et même des 120 tours. Les cylindres tournent généralement à 160 tours/minute. Je vous propose de télécharger un tout petit programme sympathique réalisé par Jean Vernet de Suisse (23 KO seulement) qui vous permettra de créer et d'imprimer des stroboscopes pour n'importe quelle vitesse de rotation. Pour les cylindres, il vous faudra créer un stroboscope 160 tours. Transférez le par copie d'écran dans votre logiciel de retouche préféré et réduisez sa taille à 4 cm de diamètre. Imprimez-le sur un papier adhésif que vous collerez à l'extrémité du mandrin porte-cylindre. Les lignes noires du stroboscope doivent sembler immobiles quand sa vitesse nominale est atteinte, à condition qu'il soit éclairé par une lampe branchée sur le secteur (Attention! fréquence 50 Hz en Europe, 60 Hz en Amérique du Nord !)

Peut-on écouter des vinyles sur un vieux phono?
NON ! sauf si vous voulez les détruire définitivement. En fait, la question n'est pas totalement absurde, car il a existé des 78 tours en vinyle dans les années 40 et 50. Ces derniers étaient destinés uniquement à être lus sur des appareils électriques munis d'une tête de lecture légère.

Peut-on écouter des 78 tours sur un électrophone moderne ?
Crosley Cruiser Teppaz Oscar On voit depuis peu apparaître des électrophones de style "rétro-sixties-vintage" dans les magasins. Ces appareils, comme le Crosley Cruiser (à gauche) et ses nombreux clones, ont en plus des vitesses 33 et 45 tours, la vitesse 78 tours. Chouette, se dit-on, ça va permettre enfin d'écouter les 78 tours qui traînent dans le grenier ! Sauf que ces engins n'ont qu'un seul diamant pour les vinyles microsillons, et qu'il faut un diamant spécial pour lire les 78 tours. Le sillon d'un 78 tours est trois fois plus large que celui d'un vinyle. Et ce diamant ad hoc n'est évidemment pas fourni ! Donc inutile d'investir dans ces tourne-disques qui sont des copies des électrophones bas de gamme des années 60, mais en encore moins bien. Certes ils sont bon marché, mais c'est vraiment de la cochonnerie et un grand péril pour les pauvres vinyles !
Par contre, si vous avez la chance d'avoir un vieux Teppaz en état de marche, vous pourrez lire les 78 tours car il possèdent 2 saphirs : microsillon et 78 tours. Il suffit de pivoter la tête de lecture qui est étudiée pour. Mais n'essayez pas de lire les vieux disques Pathé à saphir sur un Teppaz. Vous n'entendrez rien, à part du bruit de fond. Normal, la cellule est prévue pour une réponse latérale seulement, une caractéristique commune aux vinyles et aux 78 tours.

Les phonos à cylindre constituent un domaine particulier réservé à une minorité de connaisseurs passionnés et font donc l'objet de moins de questions. Ils sont beaucoup moins populaires auprès du grand public car il est très difficile de se procurer des cylindres audibles. Voici néanmoins quelques éléments à leur sujet.

Comment nettoyer les cylindres en cire ?
Manière de manipuler les cylindresLes cylindres de cire ont presque un siècle et ils n'avaient pas été prévus pour survivre aussi longtemps. La quantité de cylindres audibles est infime. Si les cylindres sont parsemés de taches blanches, voire entièrement blancs, cas le plus fréquent, ils sont rongés en profondeur par une moisissure. Il n'y a donc strictement rien à y faire. S'il n'y a qu'une légère pellicule blanche, éliminez la si possible avec un chiffon doux et sec. Jamais de liquide sur les cylindres! Si vous avez la chance d'avoir des cylindres noirs (ou bruns) lisses et brillants, gardez les précieusement à l'abri des chocs, de l'humidité et des écarts de température. Ne touchez jamais la surface . Prenez les par l'intérieur comme le montre le dessin.

Peut-on enregistrer sur des cylindres en cire ?
Les phonographes à cylindres permettent d'enregistrer à condition qu'ils possèdent une vis sans fin permettant de graver un sillon en spirale. Ceci exclut les phonos lyre et les Pathé 0. Le moteur doit être puissant et la courroie ne doit pas patiner. L'idéal est un bon vieux phono Edison standard dont le mécanisme répond aux exigences de l'enregistrement personnel. Il faut aussi une tête enregistreuse sans aucun jeu latéral condition sine qua non. On trouve parfois des têtes enregistreuses mais généralement le burin graveur s'est perdu. On peut s'en procurer un chez Expert Stylus Company ou essayer d'en fabriquer un avec une tige de verre très fine qu'on casse net de façon à obtenir une arête tranchante.
Les seuls cylindres utilisable sont ceux en cire brune (les noirs sont d'une matière trop dure pour être réinscriptibles) Prenez donc un cylindre en cire brune en vous assurant qu'il soit inaudible et sans aucune valeur, ce qui est hélas le cas général et rabotez le si vous avez la chance de posséder une raboteuse à cylindres. Sinon, vous pouvez effacer les sillons en frottant avec un linge imbibé d'essence de térébenthine (opérez à l'extérieur et avec des gants !). La matière de ces cylindres a durci et est devenue très fragile en vieillissant : ne vous attendez donc pas à faire des enregistrements aussi bons que jadis. Néanmoins, plus la température sera élevée et meilleur sera l'enregistrement. Vous pouvez poser sans crainte le phono sur un radiateur de chauffage central... mais pas dans le four de la cuisinière !
Remplacez le pavillon métallique par un cornet en carton de votre fabrication et parlez très fort et très près . L'enregistrement produit des copeaux qui risquent de s'accumuler dans le mécanisme. Prévoyez donc une feuille de papier pour les recueillir. Avec un peu de chance vous réussirez ainsi à graver quelques cylindres et à étonner vos amis ...!


Et, pour finir, les meilleures questions !

J'ai un vieux phono dans mon grenier. Pouvez-vous me dire ce que ça vaut ?
Il faudrait pour celà que je le visse !
J'ai des vieux disques 78 tours dans mon grenier. Combien puis-je en tirer ?
Idem, mais certainement pas grand chose !



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